Madame Florie Alard, et Monsieur Bruno Togni, respectivement Conservatrice régionale adjointe des monuments historiques et Ingénieur du patrimoine à la Direction Régionale des Affaires Culturelles ont accepté de répondre à quelques questions pour nous éclairer davantage sur l’église d’Aumale que nous défendons.
Un grand merci à eux.
Madame Florie Alard
Conservatrice Régionale Adjointe des Monuments Historiques
Pouvez-vous, s’il vous plaît, nous parler de l’histoire de l’église d’Aumale et de sa place dans un contexte historique d’ensemble ?
L’église d’Aumale a été classée au titre des monuments historiques dès 1862 -la commission des monuments historiques a été créée en 1838 et première liste de classement date de 1840 – ce qui montre qu’elle a vite été identifiée comme un composant important du patrimoine qu’il est nécessaire de conserver et d’en assurer le bon état. C’est à partir de ce moment-là que tous travaux modifiant l’édifice doit recevoir l’aval du ministère de l’intérieur avec accord de la commission des monuments historiques.
De votre point de vue en quoi l’église d’Aumale se distingue-t-elle d’autres monuments religieux de la région ?
L ’église d’Aumale se caractérise à l’échelle régionale par son architecture au croisement de deux périodes historique et artistique : celle de l’architecture gothique flamboyante et celle de la Renaissance ; c’est ce qui la rend plus rare dans le corpus des édifices religieux de Seine-Maritime. De la période Renaissance a été principalement conservé le portail Sud richement ouvragé et les vitraux du transept.
Malheureusement, la nef qui lui était contemporaine a été reprise au XIXe siècle dans un style gothique qui a effacé les piles (colonnes) cylindriques, les chapiteaux circulaires et le plafond en bois du XVIe siècle. Ces informations sont principalement tirées de l’étude de D Mouffle de mai 2004.
Les décors de la chapelle Sud-Ouest de l’église d’Aumale sont aussi par un élément majeur et distinctif. En effet, même si elle a subi les affres du temps, ils possèdent de nombreux éléments d’origine très lisibles et dans des proportions importantes (il en reste beaucoup !). Malheureusement ils n’ont pas été beaucoup étudié et mérite une attention toute particulière.
Quels sont les principaux dangers qui menacent l’église aujourd’hui ? Pourquoi est-il urgent d’intervenir ?
Les dangers sont de plusieurs types. Ils sont tous liés au mauvais état sanitaire de l’édifice qui menace la conservation du patrimoine architectural lui-même et sa transmission aux générations futures. Le mauvais état de la couverture, des évacuations d’eau de pluie (cassées, bouchées, manquantes, sous-dimensionnées etc.) peut provoquer des fuites et des problèmes structurels (ex : voûte défaillante), voir des pertes irrémédiables comme la disparition des décors précieux. Cela peut aussi provoquer des contaminations (ex : mérules) qui entrainent aussi parfois des problèmes structurels, voir des pertes tout aussi désastreuses. Il y a aussi les risques liés à la sécurité du public : il existe un véritable risque de chute de pierre situées en partie hautes de l’édifices (corniches, parapets par exemple). Enfin, plus on attend, plus les dégâts seront importants et plus la facture sera élevée.
Quels types de travaux sont nécessaires pour sauvegarder l’église ? Pouvez-vous donner un aperçu des interventions prévues ?
Il est important de rappeler à ce stade qu’avant le démarrage des travaux une longue période de préparation est nécessaire. Il s’agit d’abord de recruter un architecte puis de réaliser une étude de diagnostic sur le clos-couvert et le décor de la chapelle Sud-Ouest qui doit être validée par la DRAC. Puis, l’architecte mène les études d’avant-projet, dépose une autorisation de travaux (6 mois max d’instruction). Une fois que celle-ci est accordée, un marché est rédigé puis lancé pour le recrutement des entreprises. En parallèle est menée la recherche de fonds financiers auprès des partenaires.
Quels sont les défis, notamment financiers et techniques, qui sont habituellement rencontrés dans la mise en œuvre de ces travaux de restauration ?
Le plan de financement est long à monter car il nécessite la mobilisation de nombreux acteurs : Département, Région, DRAC, parfois Préfecture pour obtenir de la DETR dans l cas des travaux non subventionné par la DRAC (accès PMR par exemple), mécènes. La constitution d’une association pour aller à la recherche de mécénat et pour organiser des manifestations et actions dont les gains sont destinés au financement de travaux est très utiles.
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